L'anxiété de performance partie 1 - la perception de la sexualité
L’anxiété de performance est un sujet auquel nous nous attaquons depuis longtemps chez Désirables. Au fil du temps j’ai eu la chance d’offrir plusieurs conférences et même une conférence TEDx sur le sujet. Dans cette série sur l’anxiété de performance, nous allons aborder les sujets de: la perception de la sexualité construite à partir de plusieurs sources négatives, comment la discussion autour de l’orgasme à tout prix peut engendrer plus d’anxiété et enfin, comment diminuer votre anxiété de performance à l’aide de techniques reconnues.
Partie 1 : Notre perception de la sexualité
Dans cette section, nous discuterons des sources qui influencent notre vision de la sexualité.
Une question de chiffre
Dans notre culture occidentale, la sexualité est un sujet de conversation publique « relativement » nouveau. En effet, la sexualité a longtemps été confinée au mariage hétérosexuel. Pendant plusieurs centaines d’années, la seule influence des gens sur leur perception de la sexualité a été l’église. Évidemment, seule la perception de la sexualité comme outil de reproduction était mise de l’avant, toute autre utilité était associée au péché. Il est assez difficile d’oublier qu’il y a à peine 2-3 générations, la seule raison d’avoir des relations sexuelles était d’avoir des enfants ou de remplir votre devoir de bonne « femme ».
Une des premières fois que cette vision réductrice de la sexualité a été perturbée fut au début du 19e siècle par les travaux de Magnus Hirschfeld en Allemagne et d’Alfred Kinsey un peu plus tard aux États-Unis. Avec « Sexual Behavior in the Human Male », Alfred Kinsey a mit en lumière des statistiques à propos de la masturbation, de l’homosexualité et de la sexualité en dehors du mariage. Par leurs publications Kinsey et Hirschfeld ont amorcé le changement de vision de la sexualité: d’une vision orientée reproduction à une vision plus orientée sur le plaisir. Malgré tous leurs efforts, il faudra des dizaines d’années avant que la population générale accepte une vision de la sexualité qui est plus axée sur le plaisir que sur la reproduction. Même lorsque cet objectif sera atteint, la notion de plaisir masculin aura préséance sur celui des femmes pendant encore plusieurs années.
Malgré la publication de « La réponse sexuelle humaine » en 1966 par Masters et Johnson, le discours qui entoure la sexualité dans le domaine public restera centré uniquement sur des statistiques. Oui, la société en générale est devenue plus ouverte à discuter de sexualité en public, mais uniquement en termes de statistiques, laissant de côté les notions de sentiments, d’expérience et d’intimité. Suffit de regarder les titres des magazines populaires des 50 dernières années pour bien comprendre cette limitation aux statistiques :
- 20 % des hommes disent se masturber tous les jours
- 1 femme sur 3 n’aime pas les fellations
Comment notre vision de la sexualité est créée
Cette manière d’informer le public (via majoritairement des statistiques) limite notre vision de la sexualité, amenant une notion de « normalité ». N’oublions pas que dans plusieurs endroits en Amérique du Nord, les cours d’éducation à la sexualité, qui devraient aider à porter un jugement critique sur ces statistiques, enseignent uniquement l’abstinence et parfois les maladies transmissibles sexuellement.
En résumé, pour la plupart des gens, leurs seules sources d’information se limitent à :
- Les statistiques scientifiques sans contexte ou nuance
- L’éducation sexuelle basée sur l’abstinence ou les maladies transmises sexuellement
- La pornographie facilement disponible
Dans les dernières 50 années, notre société a modifié son point de vue sur la sexualité. On est passé de : la sexualité est seulement utile pour la reproduction, vers, l’objectif principal de la sexualité est d’atteindre l’orgasme le plus souvent possible. Cette deuxième vision de la sexualité n’est pas mieux ou pire que la première, nous pensons simplement que celle-ci est incomplète. Lorsqu’on limite la vision de la sexualité à l’atteinte de l’orgasme et aux statistiques de comportements, cela créer ce qu’on appelle « l’anxiété de performance ».
À cause de l’anxiété de performance, nous commençons à nous poser des questions telles que :
- Je ne suis pas dans les statistiques, suis-je normale?
- Nous ne faisons pas l’amour 1 fois par semaine avec mon partenaire, ne sommes-nous pas assez sexuels ou peut-être trop?
- Je suis une maman, je n’ai pas le temps ni l’énergie pour prendre 17 minutes par rapport sexuel, est-ce que cela fait de moi une mauvaise partenaire?
- Je suis un homme, pourtant je ne ressens pas de désir pour un rapport sexuel chaque jour ou même chaque semaine, est-ce que qu’il y a quelque chose d’anormal?
Sans une éducation sexuelle à jour qui inclut les notions de désir, de plaisir, d’asexualité, d’identité transgenre, de consentement et de BEAUCOUP d’autres choses, la seule réponse qui vous viendra rapidement est que vous n’êtes pas « normal ». C’est assurément la mauvaise réponse, mais en l’absence de plus d’information il est difficile d’arriver à d’autres conclusions.
Que peut-on faire pour changer notre perception de la sexualité ?
Voici quelques idées:
- Apprenez-en plus sur la sexualité en générale. Si vos cours d'éducation sexuelle prônaient l'abstinence ou ne parlaient que de MTS, vous pouvez aller chercher un complément d'information sur internet! Nous vous conseillons de jeter un coup d'oeil aux cours d'éducation sexuelle de O.school.
- Aprennez-en plus sur la pleine conscience en sexualité, nous publirons un article à ce sujet très bientôt!
- Si la pornographie vous intéresse, consommer de la porno responsable et féministe. Nous sommes de grandes fans du projet MakeLoveNotPorn de l'acitiviste, et collègue de "Women of Sex Tech", Cindy Gallop.
Vous devriez aussi jetez un coup d'oeil à la série XConfessions faite par la directrice de porno féministe, Erika Lust.
Et la partie 2?
Dans la seconde partie de notre série sur l'anxiété de performance, nous discuterons de l'impact de la centralisation de sexualité autour de l'orgasme.
➡️ L'anxiété de performance, partie 2: la propagande de l'orgasme
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